Le Bio vaut-il le coup? Dossier revue "la vigne"

Par Isabelle Perraud, mercredi 3 février 2010 à :: ça vient du Coeur :: #404 :: rss

Le simple fait de se poser la question me hérisse le poil! Comment peut-on encore se la poser, après le grenelle, après Copenhague...après tout ce que l'on sait aujourd'hui sur l'état de la couche d'ozone, sur l'état de nos rivières, sur l'état de la planète...
Apparemment, ce ne seraient pas de vrais arguments et encore moins les raisons pour lesquelles un vigneron choisirait de se tourner vers le bio...
Et non...les raisons seraient avant tout...économique.
Il faut que l'on prouve que le bio est plus rentable que le conventionnel...et pour cela on fait des calculs savants...On calcul les coûts de production qui sont bien plus élevés en bio de 5 à 50 % (c'est en Champagne où il serait le plus élevé...Francis nous expliquera cela! ). En effet, même si en bio on fait une économie sur les intrants, la mécanisation alourdit beaucoup les charges...Un vigneron bio, qui a fait le calcul,nous apprend que lorsqu'un vigneron conventionnel passe 1 heure par hectare et par an à désherber chimiquement, lui, passe environ 20 heures par an et par hectare...Je veux bien le croire!
Mais le hic, c'est les rendements:Beaucoup trop bas chez les bios...et là, désolé, ça ne vaut plus le coup...On a l'air de quoi de produire 15 ou 20 hectolitres à l'hectare?
Pourtant, les vins bios se vendent mieux...Ahhh, alors là, ça vaut le coup!!!
Mais attention, ce n'est pas parce qu'on passe en bio, que le client va se précipiter dans nos caves. Il faut se faire connaître et faire ses preuves...Mince, ça vaut plus le coup...

Je vous confierai que, lorsqu'on a pris la décision de passer en bio, on n'a pas penser à tout ça...Sinon...on aurait changé de métier...Bien sur que l'on fait des calculs, bien sur que l'avenir nous fait peur quelquefois, bien sur, bien sur...Mais je ne suis pas certaine que les vignerons conventionnels soient à l'abri de tout ça et que ça vaille plus le coup...

Commentaires

1. Le mercredi 3 février 2010 à , par PbS

Si la viticulture agro chimique est subventionnée, il faut en tenir compte dans les prix de revient, non ???

2. Le mercredi 3 février 2010 à , par Isabelle Perraud

On ne prend en compte que ce que l'on veut bien!

3. Le mercredi 3 février 2010 à , par Valérie

Et bien pour moi c'était complètement évident de commencer en bio. Je changeais de vie pour réaliser un vieux rêve, pour me faire plaisir et donner du plaisir aux gens (du moins je l'espère) qui boiront mon vin. Il n'était donc pas question d'utiliser d'intrants chimiques, que ce soit à la vigne ou au chai. Je ne veux pas que mes futurs buveurs ingèrent des résidus de "produits phytosanitaires", je ne veux pas mettre en danger ma famille ni mes amis qui viennent m'aider dans les vignes, je veux que la terre que je travaille sente bon, je veux y voir plein d'insectes différents, des abeilles, des oiseaux, des rongeurs, des fleurs de toutes sortes au printemps. Peut-être est-ce plus facile pour moi car je n'ai pas pratiqué les techniques conventionnelles, je ne cultive que 3 ha, je suis issue d'une famille de professionnels de la santé qui côtoient tous les jours le cancer, les allergies... J'ai cependant l'occasion de rencontrer des régisseurs de grands domaines qui ont fait fi des préjugés(surtout dans le bordelais tu n'imagines même pas...) et qui réussissent à gérer très bien leur passage en bio. Il me semble par ailleurs que le grand public réalise peu à peu ce qu'il se passe, que nos enfants sont également de plus en plus sensibilisés à l'écologie. Alors je suis plutôt optimiste sur l'avenir du bio. Pour moi, c'est de toutes façons le sens de l'histoire, quoi qu'en disent certains "professionnels" drapés dans leur grande expérience et leur statut de connaisseur...

4. Le mercredi 3 février 2010 à , par Julien

Encore un joli point qui a été débattut mardi dernier lors du forum oeno de Davayé. Il apparaissait dans le compte rendu d'une enquete faite par le SEDARB d'Auxerre auprès des vignerons bio de Bourgogne que la motivation premiere de leur conversion serait d'avoir pris conscience qu'il faut préserver l'environnement. En seconde place, arrive la volonté de rester en bonne santé en évitant d'utiliser des phytos. En troisieme place, c'était pour garder la notion de terroir. Et ainsi de suite jusqu'au dernier poste, en septieme place, où arrivait la valorisation économique comme élèment décisif dans la réflexion en vue de la conversion.
Qui croire... La conversion est avant tout une conviction a mon avis...

5. Le vendredi 5 février 2010 à , par Iris

Bien d'accord avec toi (cela n'étonnera plus personne:-)) et Valérie, et ce qu'a entendu Julien - mais on est tous des "petits", on travaille encore nous même dans nos vignes, on n'as pas de compte à rendre qu'à nous même et nos familles, pas d'investisseurs, probablement même pas de crédit de bancaires (qui la plupart du temps ne veulent pas de nous, faute de taille...) - cela change l'optique...

6. Le samedi 6 février 2010 à , par roma

attention !!!! dans beaucoup de domaines, il y a surtout des réalités économiques. c'est certainement plus facile de faire du bio sur trois ha si Mr ou mme fais chauffer la marmitte en gardant un job à l'exterieur.
est ce que l'on peut réellement dégager un résultat sur si peu de surface ??? si oui quel est le mode d'emploi.
je respecte beaucoup iris ou isabelle pour leur travail et leur conviction, quand a valérie j'espère que sur sa table il n'y a pas de coca et de ketchup quelle fais elle meme son pain quelle élève ses poulets quelle ne vas jamais en grande surface,quelle se déplace à vélo........

7. Le samedi 6 février 2010 à , par Isabelle Perraud

En ce qui concerne les réalités économiques, elles sont valables dans tous les domaines!!! Mais on en parle davantage lorsqu'il s'agit du bio! Parce qu'aujourd'hui, on on part du principe que chaque heure doit être rentable et bien payée, d'autant plus si on prend la pioche! Mais ce n'est pas si simple. Le "Travailler plus pour gagner plus!", ça nous faire un peu marrer!!! Je connais un peu Valérie, et je pense que ses convictions sont sincères. Même s'il est difficile de passer à côté des supermarchés, et de sa voiture. par contre NON au ketchup, au coca et aux poulets industriels!!!

8. Le dimanche 7 février 2010 à , par Valérie

Quant à Valérie...(même si ma petite personne n'intéresse pas grand monde je suppose), il est évident que lorsqu'on passe au bio par conviction, on essaye d'être un tant soit peu cohérent. Donc effectivement, pas de plats préparés, quasiment pas de supermarché, des achats directs aux producteurs, un petit potager, du pain maison ou acheté à un jeune et bon artisan, une seule voiture pour une famille de 5 et le plus possible le vélo, les transports en commun et... les pieds.
Quant aux réalités économiques, elles ne me semblent pas incompatibles avec le bio, au contraire, il faut bien qu'une activité permette de dégager un résultat pour en vivre, à moins que ce soit une "danseuse", ce qui n'est pas mon cas, loin de là...
Ces fameuses "réalités économiques" brandies telles un rempart ne seraient-elles pas un faux argument...? D'après ce que j'en vois autour de moi, de gros domaines avec des objectifs économiques importants et qui ont bien pensé leur passage en bio car ils étaient réellement motivés pour le faire, semblent plutôt satisfaits des résultats... écologiques et économiques! Pour aller un peu plus loin, n'avez-vous pas lu ces articles ou vu ces reportages sur les paysans indiens cultivateurs de thé ou de coton qui ne s'en sortaient pas en agriculture conventionnelle (car très endettés auprès des chimistes) et qui recommencent à pourvoir gagner leur vie une fois passés au bio ? Comme le dit Julien, tout cela semble avant tout une affaire de conviction. Mais je n'ai pas dit que c'était facile...

9. Le mercredi 10 février 2010 à , par Frank

Pourqoi les rendements bio sont 15 ou 20 hectolitres et pas plus?

10. Le mercredi 10 février 2010 à , par Isabelle Perraud

Bonjour, Parce que nous n'utilisons pas d'engrais chimique, et pas d'autres produits chimiques ( pour les traitements) qui sont vraisemblablement renforcés en hormones en tout genre...Ils agissent comme des coups de fouet immédiat sur la production. Par exemple, lorsque que nous reprenons des vignes qui étaient en conventionnels pour les passer en bio, le rendements chute très brutalement...Nous avons besoin de reconstruire le sol pour espérer produire plus car la plante doit se débrouiller seule...Pas facile et très long...

11. Le jeudi 18 février 2010 à , par Antonin Iommi-A.

Une étude récente a montré que le volume produit en bio était en fait inférieur de 20% à celui produit en conventionnel. C'est peu, objectivement. Quant aux charges à l'hectare, selon cette même étude, elles sont identiques... Un article sur et autour de ce sujet, pour ceux que ça intéresserait : www.vindicateur.fr/articl...

12. Le lundi 22 février 2010 à , par Isabelle

Je ne parle pas de charges forcément financières mais aussi de charges musculaires...

13. Le mardi 12 octobre 2010 à , par Edward C.

est- ce que le bio n'est que pour les pays riches ?

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